Dys (dyslexie, dyspraxie, dysphasie,...) et autres troubles du langage

Je crée ce post pour que l'on s'échange des "tuyaux" concernant les élèves présentant des troubles du langage ou dys-.

J'ai dans ma classe un élève dyslexique et sans doute dysphasique (je dis sans doute car il en a tous les symptômes mais le médecin scolaire ne l'a pas encore vu pour confirmer le diagnostic, la psychologue scolaire étant cependant d'accord avec moi).
Il est en CM2 et s'est vu refusé une AVS par la MDPH. C'est mon meilleur élève en maths, impressionnant la vitesse à laquelle il comprend quel mécanisme il faut mettre en place, ce que l'on attend, etc. Par contre pour ce qui est compréhension de problèmes, il peut être bloqué par la lecture mais si je lui lis c'est bon. Mais à côté de ça, en copie il s'en sort plutôt pas mal. Par contre passer de l'oral à l'écrit là c'est la cata : oubli de lettres voire de syllabes, confusion de sons, etc.
On a eu des échanges un peu (beaucoup...) houleux mardi en conseil de cycles avec le directeur qui l'avait l'an dernier. Il avait demandé le maintien en CM1, que les parents ont refusé. Et j'ai eu le malheur, appuyée par la psychologue, de dire qu'il avait tout à fait sa place en CM2, ne serait-ce qu'en maths, que de toute façon ses problèmes de dys- il les aurait toujours donc un maintien ne lui aurait pas été bénéfique. Pour lui il lit mal, écrit mal, a des difficultés d'élocution (inversion/oubli de syllabes, vocabulaire assez pauvre), ne comprend pas un texte donc maintien. Dur dur de lui faire comprendre que c'est un élève qui a tout simplement besoin d'une aide matérielle et humaine ! (bon il prend sa retraite à la fin de l'année donc est encore à la vieille école, ce qui pourrait expliquer cela... Mais à côté de ça je m'entends très bien avec lui, il est super).

Je voulais donc savoir si vous avez des conseils, des outils à mettre en place (sous-main ?), etc.
Est-ce que pour ces élèves nous pouvons être moins exigeants ? Genre des évaluations plus courtes ? Ou ils doivent faire tout comme les autres mais avec peut-être des outils en plus ?
A la rentrée je revois la psychologue pour que l'on fasse son PPRE, que l'on contacte le médecin scolaire pour tout mettre en place pour la 6ème.

Aline a écrit:

Je crée ce post pour que l'on s'échange des "tuyaux" concernant les élèves présentant des troubles du langage ou dys-.

J'ai dans ma classe un élève dyslexique et sans doute dysphasique (je dis sans doute car il en a tous les symptômes mais le médecin scolaire ne l'a pas encore vu pour confirmer le diagnostic, la psychologue scolaire étant cependant d'accord avec moi).
Il est en CM2 et s'est vu refusé une AVS par la MDPH. C'est mon meilleur élève en maths, impressionnant la vitesse à laquelle il comprend quel mécanisme il faut mettre en place, ce que l'on attend, etc. Par contre pour ce qui est compréhension de problèmes, il peut être bloqué par la lecture mais si je lui lis c'est bon. Mais à côté de ça, en copie il s'en sort plutôt pas mal. Par contre passer de l'oral à l'écrit là c'est la cata : oubli de lettres voire de syllabes, confusion de sons, etc.
On a eu des échanges un peu (beaucoup...) houleux mardi en conseil de cycles avec le directeur qui l'avait l'an dernier. Il avait demandé le maintien en CM1, que les parents ont refusé. Et j'ai eu le malheur, appuyée par la psychologue, de dire qu'il avait tout à fait sa place en CM2, ne serait-ce qu'en maths, que de toute façon ses problèmes de dys- il les aurait toujours donc un maintien ne lui aurait pas été bénéfique. Pour lui il lit mal, écrit mal, a des difficultés d'élocution (inversion/oubli de syllabes, vocabulaire assez pauvre), ne comprend pas un texte donc maintien. Dur dur de lui faire comprendre que c'est un élève qui a tout simplement besoin d'une aide matérielle et humaine ! (bon il prend sa retraite à la fin de l'année donc est encore à la vieille école, ce qui pourrait expliquer cela... Mais à côté de ça je m'entends très bien avec lui, il est super).

Je voulais donc savoir si vous avez des conseils, des outils à mettre en place (sous-main ?), etc.
Est-ce que pour ces élèves nous pouvons être moins exigeants ? Genre des évaluations plus courtes ? Ou ils doivent faire tout comme les autres mais avec peut-être des outils en plus ?
A la rentrée je revois la psychologue pour que l'on fasse son PPRE, que l'on contacte le médecin scolaire pour tout mettre en place pour la 6ème.

Tiens c'est marrant, je me suis pris la tête avec l'infirmière à ce sujet l'an dernier.

Alors oui, tu peux et même tu dois adapter tes cours et tes évaluations au handicap de l'enfant. Ce n'est donc pas un handicap suffisant pour qu'il ait une AVS, mais souvent en collège, on te demande de filer tes cours sur polycopiés ou un tas d'autres trucs.

Comme tu as l'air motivée...fais toi plaisir .

J'ai 2 dyspraxiques dans ma classe, voici un site qui m'a beaucoup aidée :
http://www.dyspraxie.info/index.php?option=com_content&view=category&layout=blog&id=37&Itemid=56

Déjà, il vaut mieux que la mère lui fasse faire un bilan hors EN. S'il a besoin d'orthophonie, ben, il ira; toi tu fais ce que tu peux...
P.tain, orthophoniste ou autre thérapeute d'enfants "dys", ça rapporte et c'est plein d'avenir !

Pourquoi la mère et pas le père ?
Il va déjà chez l'ortho tous les mercredis...

Ah ben oui , le papa peut l'amener aussi !
Bon, s'il va déjà chez l'ortho, c'est qu'il a bien eu un bilan quelque part...Ça m'étonnerait que l'EN et le médecin scolaire t'apportent une aide supplémentaire. Puis dans les classes, on se retrouve maintenant avec 4 ou 5 gamins qui vont chez l'orthophoniste...Comme ce n'est pas une maladie contagieuse, il y a quelque chose qui déconne grave ...la mode peut être ? 

Frankenstein a écrit:

Ah ben oui , le papa peut l'amener aussi !
Bon, s'il va déjà chez l'ortho, c'est qu'il a bien eu un bilan quelque part...Ça m'étonnerait que l'EN et le médecin scolaire t'apportent une aide supplémentaire. Puis dans les classes, on se retrouve maintenant avec 4 ou 5 gamins qui vont chez l'orthophoniste...Comme ce n'est pas une maladie contagieuse, il y a quelque chose qui déconne grave ...la mode peut être ? 

C'est sûr: c'est tellement tendance de passer son temps libre à tout retaper sur l'ordi pour son gamin, passer son temps libre  à s'acharner sur les devoirs, aller chez les orthos et autres thérapeutes en tout genre, en rendez-vous profs, à subir l'incompréhension de ses pairs profs et de la famille, à espérer que ça s'arrange, ne pas en dormir.

Oh et puis, c'est la faute aux écrans, la malbouffe, les parents démissionnaires, mais jamais , au grand jamais du fait que l'école est un moule à cons.

Ben, un moule à la con...non; tu peux développer ?
Perso je crois surtout que bcp de parents reportent leur angoisse de l'avenir sur leur gosse...
Moi, qu'il y ait autant de "dys" en qq années, ça m'interpelle...

Ou peut-être qu'avant on les aurait diagnostiqués comme des cancres, des "je-m'en-foutisme"...

Clairon : bon courage, ton fils (me semble que c'est un p'tit gars) a de la chance de t'avoir et que tu l'aides comme tu le fais.

clairon a écrit:

Frankenstein a écrit:

Ah ben oui , le papa peut l'amener aussi !
Bon, s'il va déjà chez l'ortho, c'est qu'il a bien eu un bilan quelque part...Ça m'étonnerait que l'EN et le médecin scolaire t'apportent une aide supplémentaire. Puis dans les classes, on se retrouve maintenant avec 4 ou 5 gamins qui vont chez l'orthophoniste...Comme ce n'est pas une maladie contagieuse, il y a quelque chose qui déconne grave ...la mode peut être ? 

C'est sûr: c'est tellement tendance de passer son temps libre à tout retaper sur l'ordi pour son gamin, passer son temps libre  à s'acharner sur les devoirs, aller chez les orthos et autres thérapeutes en tout genre, en rendez-vous profs, à subir l'incompréhension de ses pairs profs et de la famille, à espérer que ça s'arrange, ne pas en dormir.

Oh et puis, c'est la faute aux écrans, la malbouffe, les parents démissionnaires, mais jamais , au grand jamais du fait que l'école est un moule à cons.

Clairon (sans aucune agressivité, hein, le prends pas mal) : tu voudrais que l'on fasse quoi ? (que l'on ne fait déjà, de façon trop invisible, peut-être -et qui s'appelle la différenciation.)
Concrètement ?

Nous qui en avons également une bonne vingtaine, tous différents... Adapter ? Tout ? Mais tu y passes déjà tes nuits avec un seul...
Oui, l'école est "un moule", dans la mesure où nos ne sommes pas précepteurs, et qu'il y a un monde entre un orthophoniste (qui s'adresse à un individu), et un instit', qui s'adresse à un groupe.
Et j'aime ce "moule".

Définition de l'école= lieu d'enseignement collectif.
C'est con, mais certains semblent l'avoir oublié. 

Pour voir les dys en tout genre se multiplier aussi depuis des années, je rejoins Aline : je pense qu'avant, on collait d'autres étiquettes, mais qu'aujourd'hui, on sait diagnostiquer des choses plus précises et expliquer des problèmes de lecture/écriture/calcul/langage/etc.

L'autre réflexion (interrogation ?) que je me fais sur le sujet est aussi liée à l'enseignement de la lecture. Je ne jette pas la pierre aux PE, hein, soyons bien d'accord, mais à la formation qu'ils reçoivent sur l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. J'ai les deux pieds dedans cette année pour avoir une classe NSA (non scolarisés antérieurement), et le sujet me parait d'une complexité incroyable quand on confronte des méthodes et des textes théoriques. Quand j'étais stagiaire (en 2003-2004), une copine stagiaire PE m'avait révélé qu'elle n'avait eu que trois semaines de formation sur le sujet, à raison de deux-demi journées par semaine. Cela lui semblait scandaleusement peu, et à moi aussi. C'est compliqué quand on s'y met sérieusement, je suis persuadée qu'avec les meilleurs intentions du monde, on utilise parfois des techniques qui ne sont pas adaptées pour certains élèves. Je ne dis pas qu'il faut tout revoir, mais qu'il y a sûrement des explications autres que le fait d'identifier les problèmes des dys.

Adapter, ça prend du temps, mais il y a quelques trucs pour en gagner (j'enseigne en collège). Rien de révolutionnaire, mais si ça peut aider :
- mes cours sont en grande partie tapés pour moi, quand il y a beaucoup à écrire et uniquement dans ce cas, là, j'en fait une copie à trous (copier-coller, corriger, 5 à 10 minutes). Vu que tout ce qui est étude de texte se construit avec la classe, je ne sais jamais à quoi ressemblera la trace écrite, ils la copient donc.
- quand, hors contrôle, ils répondent à des questions, les dys sont les seuls autorisés à ne pas répondre par une phrase.
- tout texte étudié est d'abord lu à voix haute, par un élève ou moi (ça ne fait de mal à personne.)
- pour les évaluations : mes dictées sont tapées pour moi, copie à trous ou choix multiple pour eux. Questions de lecture ou sur un texte : je leur donne pour consigne de toutes les lire, et de ne pas en faire 3 ou 4, je convertis le total des points des questions sur 20, et basta (et personnellement, supprimer des questions me gêne : ils font le tri eux-mêmes dans ce qu'ils estiment savoir ou non). Contrôle de grammaire : une deux ou phrases de moins par exercice. Rédaction : j'attends 25% de moins dans la longueur. Et pour corriger l'orthographe en général, je me contente de souligner, sans corriger comme je le fais pour les autres.

Le truc, c'est que, comme je le disais, à force d'en voir passer, j'ai des batteries de cours et de dictées, et de trucs divers qui s'accumulent depuis des années. La seule chose un peu pénible, c'est de penser à faire deux ou trois impressions à part pour eux.

Ben, Angua, on s'adapte aussi aux "dysentougenre" à l'école primaire. Avec aussi des "EIP"  (ça aussi, il y en a de plus en plus)et d'autres encore au milieu d' handicapés et de primo-arrivants. Bon j'exagère...
D'accord avec la formation sur ces thèmes: inexistante (bon, comme le reste est nul aussi lol)...Sinon, même chez les orthophonistes les diagnostics, les avis et lkes "conseils" donnés aux enseignants (ça aussi, c'est fréquent) divergent. Le summum, c'est quand même quand on voit ce que font des élèves chez certains orthophonistes: du travail scolaire tiré de fichiers ou de manuels...Le travail de l'instit.

Puis j'y pense, on ne voit jamais des primo-arrivants EIP dyspraxique ! lol. Pas incompatible en théorie ! 

Frankenstein a écrit:

Ben, Angua, on s'adapte aussi aux "dysentougenre" à l'école primaire. Avec aussi des "EIP"  (ça aussi, il y en a de plus en plus)et d'autres encore au milieu d' handicapés et de primo-arrivants. Bon j'exagère...
D'accord avec la formation sur ces thèmes: inexistante (bon, comme le reste est nul aussi lol)...Sinon, même chez les orthophonistes les diagnostics, les avis et lkes "conseils" donnés aux enseignants (ça aussi, c'est fréquent) divergent. Le summum, c'est quand même quand on voit ce que font des élèves chez certains orthophonistes: du travail scolaire tiré de fichiers ou de manuels...Le travail de l'instit.

Puis j'y pense, on ne voit jamais des primo-arrivants EIP dyspraxique ! lol. Pas incompatible en théorie ! 

Je sais bien, Frankenstein, que vous vous adaptez ! Comme on demandait des tuyaux, je filais juste les miens, qui valent ce qu'ils valent. Et sont moyennement adaptés, si j'y réfléchis vraiment, vu que les mêmes pour tous les dys, suite au même constat sur la divergence des conseils donnés par les orthophonistes.

Pour rebondir sur ce que tu disais en fin de message, le primo dys, jamais vu (enfin, jamais vu être détecté), mais celui avec GROS problèmes problèmes cognitifs ou autres qui l'enverraient directement en SEGPA, ITEP ou ULIS sans la question de la langue... si. Lors de la dernière réunion de profs de CLA du coin, le sujet a été abordé, et on en a appris une bien belle. Il existe un test non linguistique pour détecter les problèmes cognitifs. Il existe. Le CIO en a un. UN. Un seul exemplaire, non, pour l'agglo, pour le département... alors de là à tester le reste... 

C'est bien pour ça que je pense que c'est un peu bidon ce qu'on nous propose...L'enseignant se retrouve un peu démuni, non ?

Frankenstein a écrit:

C'est bien pour ça que je pense que c'est un peu bidon ce qu'on nous propose...L'enseignant se retrouve un peu démuni, non ?

Si ce n'était qu'un peu... pour les dys, me suis formée sur le tas, comme tout le monde, je crois. Parce que bon, la simili-formation d'une demi-journée où on nous a montré le fameux texte avec lettres dans la désordre pour qu'on voie comment lit un dys, pendant une demi-heure, honnêtement... 5 minutes d'illustration auraient suffi. A trop nous dire qu'il faut individualiser, rien de concret ne se propose.
Et quant au primo qui ne relève pas l'enseignement banal... c'est très festif sans la langue !  

Citation :

A trop nous dire qu'il faut individualiser, rien de concret ne se propose.

Voilà. Tout est dit. 

clairon a écrit:

Frankenstein a écrit:

Ah ben oui , le papa peut l'amener aussi !
Bon, s'il va déjà chez l'ortho, c'est qu'il a bien eu un bilan quelque part...Ça m'étonnerait que l'EN et le médecin scolaire t'apportent une aide supplémentaire. Puis dans les classes, on se retrouve maintenant avec 4 ou 5 gamins qui vont chez l'orthophoniste...Comme ce n'est pas une maladie contagieuse, il y a quelque chose qui déconne grave ...la mode peut être ? 

C'est sûr: c'est tellement tendance de passer son temps libre à tout retaper sur l'ordi pour son gamin, passer son temps libre  à s'acharner sur les devoirs, aller chez les orthos et autres thérapeutes en tout genre, en rendez-vous profs, à subir l'incompréhension de ses pairs profs et de la famille, à espérer que ça s'arrange, ne pas en dormir.

Oh et puis, c'est la faute aux écrans, la malbouffe, les parents démissionnaires, mais jamais , au grand jamais du fait que l'école est un moule à cons.

Clairon, je n'ai pas tout suivi de ses difficultés, mais en quelle classe est ton enfant ?
Quel est son niveau actuel en lecture ?
(je te demande ça en toute bienveillance, hein, car je tente de créer, et d'expérimenter au cas par cas, depuis quelques années, peu à peu, un outil pour les élèves qui m'arrivent en Ce2 avec de grosses difficultés de lecture, prenant à dessein le contre-point des méthodes en vogue.)