A tout z'hasard, je poste ici ma première traduction d'AF, à savoir le prologue des lais de Marie de France. Je ne sais pas si je suis à côté de la plaque ou non... si jamais vous avez un ptit quart d'heure à tuer
Texte original :
1 Ki Deus ad dun‚ escïence
2 e de parler bon'eloquence
3 ne s'en deit taisir ne celer,
4 ainz se deit volunters mustrer.
5 quant uns granz biens est mult oïz,
6 dunc a primes est il fluriz,
7 e quant loëz est de plusurs,
8 dunc ad espandues ses flurs.
9 custume fu as ancïens,
10 ceo testimoine Precïens,
11 es livres ke jadis feseient
12 assez oscurement diseient
13 pur ceus ki a venir esteient
14 e ki aprendre les deveient,
15 k'i peüssent gloser la lettre
16 e de lur sen le surplus mettre.
17 li philesophe le saveient
18 e par eus memes entendeient,
19 cum plus trespasserunt le tens,
20 plus serreient sutil de sens
21 e plus se savreient garder
22 de ceo k'i ert, a trespasser.
23 ki de vice se vuelt defendre
24 estudïer deit e entendre
25 e grevos'ovre comencier:
26 par ceo s’en puet plus esloignier
27 e de grant dolur delivrer.
28 pur ceo començai a penser
29 d’aukune bone estoire faire
30 e de latin en romaunz traire;
31 mais ne me fust guaires de pris:
32 itant s'en sunt altre entremis !
33 des lais pensai k'oïz aveie;
34 ne dutai pas, bien le saveie,
35 ke pur remambrance les firent
36 des aventures k'il oïrent
37 cil ki primes les comencierent
38 e ki avant les enveierent.
39 plusurs en ai oï conter,
40 nes voil laisser ne oblier;
41 rimez en ai e fait ditié,
42 soventes fiez en ai veillié.
43 En l'honur de vus, nobles reis,
44 ki tant estes pruz e curteis,
45 a ki tute joie se encline,
46 e en ki quoer tuz biens racine,
47 m'entremis des lais assembler,
48 par rime faire e reconter.
49 en mun quoer pensoe e diseie,
50 sire, kes vos presentereie;
51 si vos les plaist a receveir,
52 mult me ferez grant joie aveir,
53 a tuz jurz mais en serrai lie.
54 ne me tenez a surquidie
55 si vos os faire icest present.
56 ore oëz le comencement!
Ma traduc' :
Celui à qui Dieu a donné la science et l’art de bien parler ne doit pas chercher à se taire ni à dissimuler, mais doit volontiers se montrer. Quand un grand bien est beaucoup entendu, il est alors fleuri pour la première fois, et quand il est loué plusieurs fois, ses fleurs sont alors répandues.
Ce fut la coutume des anciens, comme en témoigne Priscien, que les livres qu’ils faisaient jadis, qui disaient assez obscurément, pour ceux qui étaient à venir et qui devaient les apprendre, leur permettent de gloser la lettre et d’y ajouter un surplus de sens
(pour cette phrase-là j’ai ramé, j’ai trouvé la construction bien difficile).
Les philosophes le savaient, ils comprenaient par eux-mêmes : plus le temps passerait
(c’est quoi ce cum ? et ce ti ?), plus ils feraient montre d’une intelligence subtile, et plus ils sauraient se garder de ce dont on doit s’abstenir.
Qui veut se défendre du vice doit étudier et commencer une lourde tâche : c’est de cette façon qu’il peut s’en éloigner le plus et échapper à une grande douleur.
C’est pourquoi je commençai à penser à en faire une bonne histoire et à le traduire du latin au roman. Mais je n’y aurais guère gagné : tant d’autres s’y sont essayé ! Je pensai à des lais que j’avais entendus.
Je ne doutai pas, je savais bien que les premiers qui les avaient faits et qui les avaient répandus
(ça je l’ai trouvé dans la traduction de mon bouquin, je ne comprenais pas du tout !) les avaient écrits pour qu’on se souvienne des aventures qu’ils avaient entendues. J’en ai entendu conter plusieurs, je ne veux ni en laisser ni en oublier. J’en ai fait des rimes et une oeuvre, j’ai veillé de nombreuses fois pour m’y consacrer.
En l’honneur de vous, noble roi, qui êtes si preux et courtois, enclin à toute joie (c’est gênant cette inversion ?) et dans le cœur duquel tout bien prend racine, j’entrepris d’assembler des lais, d’en faire des rimes et de les raconter.
Je pensais et me disais en mon cœur, sire, que je vous les présenterais. S’il vous plaît de les recevoir, vous me ferez avoir une très grande joie, et j’en serai heureuse pour toujours.
Ne me tenez pas pour outrecuidante
(trouvé dans la traduction) si j’ose vous faire ce présent.
Ecoutez maintenant le commencement !
Ca se présente comme ça une traduction, en quelques paragraphes, ou faut-il tâcher de reconstruire des vers...? Dites-moi que non
